Adieu exigence !
Plus jeune j’aimais dire qu’il est plus simple de s’adapter à l’absence de rigueur quand on a toujours été cadré que l’inverse. Si cela est vrai, je n’en fais plus une excuse pour faire peser sur mon entourage la rigueur que je me suis longtemps imposée.
A quel moment ai-je changé d’avis ? J’avoue que cela fait près de deux ans que je travaille cette partie de mon caractère. J’ai toujours été le style de fille patiente, mais avec un grain de folie à la Hulk. Si pour le coup mis par écrit cela peut faire rire, je crois que cela a été un supplice pour ma famille. Laisse-moi te raconter pourquoi je me soigne.
Celle que l'on craint
J'ai grandi avec un père merveilleux qui avait un caractère extrêmement (et je pèse bien mes mots) fort. Si bien que pour moi il était naturel et normal de me comporter avec mes proches de la sorte. Oui, je n'agissais ainsi qu'avec ma famille, mon clan. Je décidais comment les choses devaient être faites et gare à celui qui s'écartait ne serait-ce que d'un millimètre de ce que j'avais édicté. Bon ce qui était bien avec moi était que je n'étais pas non plus un tyran. Je déteste me disputer si bien que je ne parlais que très peu, supportais en silence et subitement explosait de colère quand la coupe était pleine.
Un jour, dans une discussion avec ma famille, l'un d'eux, amusé, s'est souvenu d'une de mes transformations. Parce que oui, ce sont véritablement des transformations. Le récit qu'il en faisait contrastait énormément avec le souvenir que j'en avais. Les termes employés m'ont choquée ou plus justement ont ouvert mes yeux sur un côté de ma personnalité qui devait changer.
Et il y a eu ce jour où j'ai explosé en pleurs à cause de la relation explosive que j'ai avec l'une d'eux. La situation m'épuisait nerveusement et psychologiquement. Je ressentais un énorme poids. J'ai porté ce problème devant le Seigneur qui m'a tout simplement répondu que le problème c'était moi. Je devais changer.
Seulement par l’Esprit
Dans un premier temps j'ai refusé de changer. Je refusais de plier parce que pour moi j'avais raison. J'avais raison de reprendre mes proches et de leur prouver que leur raisonnement n'étaient pas bons, qu'ils n'agissaient pas bien. Mais à mesure que je m'entêtais, la situation s'envenimait avec deux de mes proches au point que le dialogue était rompu.
A ce moment le Seigneur m'a fait comprendre une chose simple comme bonjour. Avoir raison n'est pas une récompense ! Le seul trésor est de demeurer auprès de ceux qu'on aime et grandir, mûrir, vieillir auprès d'eux. Il m'a fait comprendre que lui seul peut changer un cœur, un raisonnement, redresser ce qui est tordu. J'ai donc capitulé.
Mais régulièrement je devais luter contre l'ivresse de la colère...
Si tu es dans ce cas, je veux que tu comprennes une chose : aucun caractère n’est définitif. Il n’y a aucune fatalité, ni pérennité dans ces choses-là ! Par contre il est un élément dont tu ne pourras pas te passer : il faut au préalable que tu aies la volonté de changer ! Sans volonté, tu ne parviendras à rien.
Oui je sais : chassez le naturel et il revient au galop. C’est ce qu’on aime dire d’une personne qui lutte contre ses démons. Mais n’oublie pas une chose : sept fois le juste tombe, sept fois il se relève. Tôt ou tard, il ne tombera plus. Bien c’est la même chose avec les défauts. A force de persévérance et de discipline, on ne se fait plus avoir.
Par contre laisse-moi te prévenir que lorsque tu prendras la décision de changer, l’univers entier conspirera pour te faire péter un câble. Mais quoi qu’il arrive tiens bon !
Pour ma part, Dieu est un secours infaillible dans cette lutte. Le Saint-Esprit me rappelle à l’ordre et me conseille quant à ma manière d’agir ou de parler. Tu devras de même t’appuyer sur lui pour ne pas flancher. Sa consolation et sa présence seront ton seul réconfort quand malgré tous tes efforts tu ne parviendras pas à te maîtriser.
A mesure que tu t’accrocheras, Dieu te remplira de joie et d’amour, jusqu’à déborder. Parce que ne l’oublie pas : c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle.
Changer de mentalité
L’abondance du cœur qu’est-ce ? L’abondance du cœur ce sont les blessures qui t’ont été infligées dans ton passé et qui n’ont pas guéri, tes idées pré-conçues et tordues de toi et des autres. Pour moi tu vois je m’étais établie en censeur de tout et de rien. Je savais tout, connaissais tout, comprenais tout. Forcément il devenait plus facile pour moi d’imposer ce que je croyais être bon, la seule manière de faire et de voir le monde.
Changer de mentalité supposera que tu t’humilies. Dans mon cas, j’ai dû accepter que d’autres manières de faire, de penser, même de respirer existent qu'elles soient bonnes ou mauvaises. J’ai cessé de corriger dix millions de fois la même erreur. Fini le temps où je pars en freestyle parce que des legos dorment avec des poupées ou que les chaussures ne sont pas alignées comme il faut.
J’ai accepté de regarder la plaie purulente que je cachais et d’être soignée et guérie. S’il est encore par moments difficile de dominer ce penchant, notamment lorsque je suis fatiguée, je suis désormais consciente de la source de mon problème et en mesure de veiller à ne pas blesser mon prochain. Car c’est surtout sur ce point précisément que la rigueur, l’exigence, la colère posent problème : elles brisent ton entourage !
Aimer et chérir
Avant toute chose si j’ai dit non à l’exigence et la colère qui en découlait quand la première n’était pas honorée, c’est parce que j’ai reconnu que mon rôle de fille, de sœur, d’amie, d’épouse et encore moins de mère, n’était pas d’enfermer mes proches dans une prison dont moi seule détenait les clefs.
En tant qu’enfant de Dieu, nous sommes appelés à aimer notre prochain. Pour en avoir moi-même souffert plus jeune, je comprenais que ce n’était pas la destinée que je voulais pour moi.
Attention qu’on soit bien clairs : je ne suis pas en train de te dire que chez toi il ne doit pas y avoir de règles. Bien au contraire ! Mais lorsqu’elles sont brisées, tes actes et tes paroles ne doivent pas rejeter, brimer, rabaisser ou condamner.
J’ai compris que je devais avant tout aimer, supporter, élever et encourager. Quand tu comprends cela tu te souviens surtout que toi tu n’es pas mieux et que tu apprends encore à marcher comme un Dieu parfait sans pourtant courber sous un joug qui t’accable.
Crois-moi ! L’amour et la grâce sont en Dieu seul. C’est lui seul qui t’aidera à aimer et chérir tous ceux qu’il t’enverra.
Tu es né.e pour être une lumière ! Brille !
Amicalement tienne,
Celvie