Selon son cœur

Je l'invite à me suivre, d'un geste poli. Mais je ne peux m'empêcher de serrer fermement la mâchoire. Certainement a-t-il compris que je suis contrarié. Edwards et Lewis ouvrent les portes du Tabernacle, comme à leur habitude, avec la plus belle attention, agrémentée, je le crois, d'un soupçon d'intercession comme ils le font toujours.
Le hall passé, nous prenons la porte de service. Elle nous ouvre les entrailles du Tabernacle. Nous croisons maintes et maintes gens. Je ne connais pas tout le monde mais je m'efforce toujours de répondre avec la plus grande diligence. S'il me faut saluer et prendre du temps avec certains, je me soucie peu de l'homme du post. Après tout, il faut qu'il sache, il faut qu'il comprenne que l'homme n'est rien. Toi seul fait tout en tous ceux qui œuvrent ici.
- Monsieur parvient-il à dire alors que nous nous engouffrons dans un énième couloir. Je vois bien que vous êtes contrarié. Mais laissez-moi m'expliquer… Bafouille-t-il.
- Non ! Lui interdis-je. Permettez-moi de vous expliquer ! Vous dites de moi que je suis le plus grand prédicateur que la terre ait porté et que mon église est la plus grande au monde. Mais ce que vous ne comprenez pas c'est que ce n'est pas mon église !
Je vois à sa réaction qu'il ne comprend toujours pas.
- Jetez un œil, lui dis-je en ouvrant la porte, discrète, qui clôt le couloir. Ces centaines d'hommes et de femmes qui intercèdent inlassablement, voilà le secret de ce que vous appelez ma réussite. Ce n'est ni plus ni moins Dieu qui se glorifie dans son Église ! Alors rendez aux hommes ce qui est aux hommes et à Dieu ce qui lui appartient !
Je m'appelle Charles Haddon Spurgeon et je viens de vous montrer ce moment de ma vie où il n'était pas possible de récolter les lauriers de ce qu'était devenu mon rêve, le Metropolitan Tabernacle.

Même si objectivement j'ai battu de nombreux records et ai vu Dieu se glorifier puissamment au travers de ma vie, j'étais plus passionné encore par celui qui m'avait béni. Il est tout ce que j'ai de plus précieux !
Un témoignage que je veux te laisser : "Ô chers amis ! Entrons dans l'agonie de la prière !"